Histoire sans titre - Chapitre 1 : Connexion - Partie 1

Chapitre 1 : Connexion

partie 1 :                 

"Ce qu'il faut savoir, c'est que l'histoire se répète indubitablement. Les guerres cessent par un traité de paix, puis s'embrasent à nouveau au moindre battement de cils. L'homme ne sait que comploter, que détruire, que négliger, ils se délectent du malheur de son voisin...."

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Samedi 7 mars 2020 

"Bonjour, moi c'est Brunilde, j'ai 20 ans. Je fais des études de journalisme.... Enfin j'essaye de suivre mes études de journalisme, mais pas vraiment facile depuis que Grand-mère est revenue à la maison. Je suis inquiète, les médecins sont formels, quelques mois, peut-être par chance quelques années, d'après eux c'est le cancer, mais elle a encore toute sa tête. Quant à Maman, le dialogue est devenu inexistant, une fracture entre nous deux... Elle n'aime pas mes choix, pour elle, le journalisme c'est bien chez les autres, elle aurait préféré une comptable ou une avocate.... Bref, ça non plus ça ne m'aide pas. 
Nous vivons toutes les trois sous le même toit, un petit appartement dans le 15eme, pas très loin du travail de Maman. Elle est infirmière en réanimation, alors on ne se voit pas beaucoup et je pense que c'est ça aussi qui a cassé notre relation en milles morceaux. Je ne la comprends pas avec ses horaires à rallonge, son maigre salaire, sans aucune reconnaissance dans son travail ( surtout quelle s'en plaint tout le temps). Et je parle même pas du fait qu'il n'y ai aucune perspective d'évolution, de créativité ou même d'aventure. Moi je rêve de partir loin, de voir le monde...." Brunilde regarda par la fenêtre, avant de refermer son journal intime fraichement acheté la veille. 


- Bruniiiillllde ! Viens déjeuner! On est pas dans un hôtel ici! Somma sa mère. Non mais tu te rends compte ?! Tu lézardes encore au lit à 12h alors que je dois partir pour l'hosto et que mamie est seule dans le salon ?!!! Non mais où va le monde ???? 


Brunilde ne répondit pas, elle savait que jouer la provocation n'était plus dans son intérêt. Elle fuyait ce salon plus que jamais, cette tension palpable entre toutes deux s'était accentuée à l'arrivée de Grand-Mère. Cette arrivée les inquiétait énormément, mais aucune d'elles ne voulaient aborder le sujet, par fierté ou pour ne pas voir le problème tel qu'il était. Grand-Mère n'était pas éternelle, Brunilde n'avais pas fait un choix d'étude sécuritaire et la Mère de Brunilde sentait son petit monde normal s'écrouler autour d'elle. Le repas se passa dans le calme absolu, personne n'aurait osé déranger ce vide. Même Grand-Mère ne pipa mot, elle n'avait plus l'âge de se mesurer à de telles querelles. Pourtant elle aurait voulu leur expliquer que bientôt plus rien ne serait pareil. Elle, elle l'avait déjà vécu, elle avait connu la guerre a bien trop de reprise, avait connu la maladie et même pire, la mort de son mari quelques années plus tôt. Elle savait que les rancoeurs ne servent à rien, mais maintenant assise dans ce fauteuil tellement d'heure par jour, se sentant partir à petit feu, avait perdu toute légitimité à donner quelque conseils que ce fût. Le repas s'acheva donc et chacune d'elles partirent à leurs occupations, toutes sauf Grand-Mère, restée dans son fauteuil à écouter les informations. 


Elle n'aimait pas vraiment ça d'ailleurs, Grand-mère savait que tout était extrapolé, dénué de vérité, mais c'était devenu sa source d'informations et son passe-temps avant les feuilletons de l'après-midi. Elle irait peut-être marcher le tour de paté de maison avec Brunilde en fin d'après midi si celle-ci le veut bien. En attendant elle ferma doucement les yeux et se laissa bercer par les nouvelles peu encourageantes de ce monde infernal. 

"Coronavirus 7 nouveaux décès viennent s'ajouter, ce qui nous donne un total de 9 décès et 949 personnes infectés"...."A ce jour, le virus est présent sur certains territoires et circule, même s'il n'est pas présent partout sur notre territoire", souligne le ministère avant d'ajouter " L'ensemble du pays reste donc au stade 2, mais le passage au stade 3 est inéluctable..... celui de l'épidémie". Grand-Mère se redressa d'un bond en entendant cette nouvelle, avant d'ajouter à demi mot "L'histoire se répète". Elle enfila ses chaussons en hâte et alla toquer à la porte de Brunilde comme inquiète pour les êtres qui lui sont chers.  

- Ma Poupette je peux entrer, je ne te dérange pas ? fit-elle. 
- Non Mamie tu ne me déranges pas, j'allais venir te voir d'ici peu pour le goûter. Qui a-t'il ? 
- Je voulais savoir si tes cours étaient maintenus ? Je m'inquiète pour ta mère aussi, mais tu la connais, nous autres nous n'avons pas le droit à la parole alors bon....Gronda Grand-Mère. 
- Non Mamie, mon prof de journalisme a suspendu nos cours, je recevrais les cours par mail pour les cours principaux et pour les cours de journalisme nous devons écrire sur ce virus machin chose. Mais bon faut pas s'enflammer, c'est une grosse grippe. Je pensais demander à Maman de venir à son travail poser quelques questions pour faire mon article et boucler tout ça... Mais bon...  Maman, enfin tu l'as dit toi même on a pas le droit à la parole donc bon. Brunilde détourna le regard de sa Grand-Mère et se tourna face à la fenêtre. 
- Je n'aime pas votre relation à toutes les deux, vous vous comportez comme des enfants. Tu dois comprendre que ta mère s'est sacrifiée pour toi, c'est pour ça quelle a peur que tu fasses de mauvais choix dans ta vie et elle doit comprendre que tu dois faire ta propre expérience de la vie.... Bref je n'étais pas venue te parler de ça. 
- De quoi veux-tu me parler alors ? questionna Brunilde. 
- Ce virus "Machin chose" comme tu dis, ça ne me rassure pas vraiment. Ta mère est en première ligne et je m'inquiète pour elle... Tu sais il ne faut pas prendre à la légère ce qui se passe, surtout avec la fermeture des écoles. 
- Ne dramatise pas non plus, avec nos moyens de nos jours, on devrait s'en sortir. Brunilde se leva et serra fort sa Grand-mère dans ses bras. Allons nous promener un peu pendant qu'il est encore temps. 


Elles sortirent toutes les deux faire un petit tour dans le quartier l'occasion de s'aérer, mais Grand-Mère présentait quelque chose... Elle avait connu la guerre, la grippe espagnole, puis a nouveau la guerre... L'histoire recommençait. 

ZZZZZZ ZZZZZZ ZZZZZ 
Le téléphone de Brunilde sonna, sa mère lui avait envoyé un message, elle regarda son téléphone, puis regarda sa Grand-Mère....
                " Je ne peux plus rentrer à la maison, notre équipe a était contaminée, une de mes collègues est en réanimation, je t'aime, prends soin de Grand-Mère. Bis. Maman" .

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